Vieux-Montréal

Le Vieux-Montréal, le cœur historique de la ville actuelle, est situé aux abords du centre-ville et du fleuve Saint-Laurent dans l'arrondissement Ville-Marie. Fondée en 1642 sous la direction du sieur de Maisonneuve, la petite colonie française, appelée jadis Ville-Marie, s'est transformée au cours du XVIIe siècle en une ville fortifiée avant de devenir, au cours du XIXe siècle, le centre de la bourgeoisie, puis le cœur de la métropole nommée Montréal.

 

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(c) Hemma Allemann (c) Peter Mertz

 

Le Vieux-Montréal est le quartier historique de la ville, unissant des vestiges de la première colonie et de nombreux monuments anciens avec un grand nombre d'édifices modernes ainsi qu'une atmosphère dynamique et vivante. Le quartier est considéré comme l'un des principaux attraits touristiques de la ville, d'autant plus que toutes les attractions du quartier peuvent facilement être visitées à pied. Parmi les curiosités les plus connues, se trouvent la place d'Armes, la basilique Notre-Dame, le Vieux Séminaire de Saint-Sulpice, l'édifice New York Life, l'ancien hôpital général de Montréal et la place Jacques-Cartier. Le Vieux-Montréal est non seulement connu pour ses innombrables monuments et lieux historiques, mais également pour ses musées, ses galeries d'art, ses boutiques, ses restaurants et, n'oublions pas, sa vie nocturne. Les façades illuminées après le coucher de soleil invitent tout simplement à se plonger dans la vie nocturne du quartier.

Pour conclure, nommons le Vieux-Port de Montréal, une partie intégrante du Vieux-Montréal, qui a énormément contribué au développement de la ville en tant que pivot du commerce avec l'Europe et les Etats-Unis. À la suite de son réaménagement au début des années 1990, le Vieux-Port a connu une renaissance : les grands parcs qui l'entourent actuellement invitent les citadins à y passer leurs temps libres, à se promener, se détendre, faire du sport, etc.

sources:
http://www.vieux.montreal.qc.ca/ (consulté le 20 avril 2010).

Texte d'introduction: Katharina Pöllmann

 

 


 

Racine, Rober - Là-bas, tout près - En quittant le cinéma Imax dans le Vieux-Port…

Villeneuve, Gisèle - Visiting Elizabeth - Une langue hybride

 


 

Rober Racine, Là-bas, tout près.

Montréal, L’Hexagone, 1997.

 

En quittant le cinéma Imax dans le Vieux-Port…

 

Né à Montréal en 1956, Rober Racine est un artiste multidisciplinaire de grand renom, connu aux quatre coins du monde en tant que musicien, compositeur, dramaturge, essayiste, producteur radiophonique, vidéaste, artiste visuel et romancier. Son écriture se caractérise par une attention particulière portée à la langue elle-même qui demeure la matière première de l’auteur. En 1997 paraît son deuxième roman, Là-bas, tout près, inspiré par Lightning Field, chef-d’œuvre de land art de l'Américain Walter de Maria. Rédigé dans une langue simple et poétique, Là-bas, tout près retrace le périple d’Odile, une astronome québécoise de 44 ans, qui mène dans le désert au Nouveau-Mexique. Après trois ans de silence, la protagoniste reçoit une lettre de son amie Marie dans laquelle elle l’invite à la rejoindre dans un désert près d’Albuquerque pour y fêter son anniversaire. Odile se rend au rendez-vous dans le désert à un endroit nommé The Lightning Field, une installation de l’artiste Walter de Maria, composée de quatre cents tiges d’acier plantées dans le sol, et y attend Marie en vain.

Dans l’extrait suivant, Odile, qui se trouve encore à Montréal, vient de recevoir l’invitation de Marie dans laquelle elle la convie à fêter son anniversaire dans le désert. En se promenant sur la promenade du Vieux-Port, elle réfléchit sur la zone industrielle de la métropole et prend la décision de partir pour le Nouveau-Mexique:

sources:
http://www.fondation-langlois.org/html/f/page.php?NumPage=334 (consulté le 19 juin 2010).
http://www.fondation-nelligan.org/roberRacineBio.html (consulté le 19 juin 2010).
http://astore.amazon.ca/growinglife01-20/detail/289006588X (consulté le 19 juin 2010).
http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/recherche/desclaureat.asp?noLaureat=359 (consulté le 19 juin 2010).
http://www.erudit.org/revue/vi/1998/v23/n3/201394ar.pdf (consulté le 19 juin 2010).

 

Texte d'introduction et choix de l'extrait: Iris Wertel

 

Extrait de texte

 

En quittant le cinéma Imax, Odile marche le long de la promenade du Vieux-Port. C’est la tombée du jour. Le ciel est bleu acier avec une lueur dorée à l’ouest. C’est l’une des dernières soirées chaudes de septembre. Odile entend le bruit sourd des voitures au loin, les roulis des patineurs, les rires des adolescents, la chamaille criarde des goélands au-dessus d’un bout de pain. L’eau du fleuve, la poussière, les relents d’essence composent l’air respiré par les passants. Odile regarde le paysage du Vieux-Montréal se découper sur le ciel. Les bras lumineux de la Place-Ville-Marie tournent au-dessus de sa tête comme ceux d’un derviche égaré. Elle se dirige vers les écluses. Le mât de la Pointe-à-Callières a pour bannière le couchant. Un filet de verdure est coupé par la voie ferrée. Les fenêtres de la rue de la Commune, des nouveaux condominiums brillent peu à peu. Les mots Farine Five Roses clignotent en rouge, au bout du regard. Tout est brique, pierre, béton, ciment, granit, verre, métal. Des lignes sans âmes, se dit Odile. Les gens vivent dans un quartier minéral où l’eau du fleuve ressemble à une étrangère de passage.

Elle repense à la projection interrompue. À cette lumière du Sud-Ouest américain, ce calme, ce silence, cette plaine signée à l’est par Sawtooth Mountain. À cette terre où le visible est aveuglé par l’invisible.

Près des grands mâts d’aluminium où flottent des drapeaux, Odile se tourne vers le sud-est. Ses yeux suivent un bout de pelouse qui dévale sur l’eau, glissent sur la grisaille des hangars, de la Biosphère, d’Habitat 67, la rouille d’un lacquier endormi, la tour métallique du quai des Convoyeurs, le dôme argent du marché Bonsecours. Les dernières syllabes du film vibrent en elle comme les reflets violacés des bollards sur l’eau du fleuve. Quatre cents tiges… Serpent dans la nuit … La limite du monde… En soi… Pour qui sait… Partout… Là-Bas…

Odile baisse la tête et voit un signe gravé à ses pieds. Elle se penche et touche du doigt l’inscription. La pierre est froide. Elle se relève, c’est la nuit. Elle respire profondément en voyant les premiers scintillements dans le ciel. Le vent enveloppe son visage, crée un roulement épais dans ses oreilles. Elle ferme les yeux. Revoit les vapeurs dorées du désert fondre à l’écran. Dès lors elle sait.

Elle ira rejoindre Marie, quelque part, entre Albuquerque et Alamogordo.

Là-bas, tout près, p. 16 - 17.

 

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Gisèle Villeneuve, Visiting Elizabeth.

Montreal, XYZ Publishing, 2004.

 

Une langue hybride

 

Gisèle Villeneuve est une écrivaine canadienne bilingue. Née à Montréal, elle s’est installée à Calgary en 1978. Publié en 2004, Visiting Elizabeth est un roman principalement rédigé en anglais, même si un nombre considérable de phrases et de pensées sont exprimées en français, sans aucune traduction. L’histoire se déroule à Montréal à la fin des années 60. Le livre saisit l’esprit de l’époque et traite surtout des sujets comme la libération, la réinvention et la création d’une (nouvelle) langue.

La protagoniste Ariane Claude, une francophone de dix-neuf ans, incarne son amie anglophone Elizabeth Gold, qui est morte dans un accident de voiture : elle adopte sa façon de parler et de se comporter. Étant donné qu’Elizabeth lui a appris à parler et à s’exprimer, Ariane s'efforce de suivre l’enseignement de son amie décédée tout en développant et réinventant sa propre identité au cours de l’histoire.

L’extrait suivant se déroule peu de temps après l’accident d’Elizabeth lors de la Saint-Jean-Baptiste, la fête nationale du Québec. Ariane porte une valise remplie de photos prises par Elizabeth qui était une photographe professionnelle. Ariane, une couturière qui est habituée à créer du neuf à partir de vieux matériaux, envisage de faire une robe composée des fragments de ces photos qu'elle appellera « Gold Rush 1969 ».

sources:
(Voir aussi une critique de ce livre : « Going Underground » écrit par Poppy Wilkinson sur http://www.aelaq.org/mrb/article.php?issue=12&article=318&cat=2 (consulté le 9 août 2010).

 

Texte d'introduction et choix de l'extrait: Stefanie Rudig

 

Extrait de texte

 

I swing ma valise into the thick of la fête, bodies smell of hop and patchouli, church bells and car horns compete with rock and folk songs seeping out of windows, I walk toward la place Jacques-Cartier, men stare at me, I don’t mind, Elizabeth taught me not to be shy about my body, my gypsy skirt beats against my thighs, silver hoops dangle in my pierced ears, a red kerchief covers my head, my long dark hair hanging down my back, my white tank top does not hide my braless nipples, I don’t mind the damp cool clinging to my arms, brass bangles ring around my wrists, the setting sun dries the rain out of the clouds, tints orange the stone walls of the ancient houses.

Loud crash. People start to run, what is going on, peut-être une émeute, like the one last year dans le parc Lafontaine, the Saint-Jean parade at night made people go banana split, this year, la Ville scheduled the parade in the afternoon, daylight keeps trouble away, quand même, this morning, maman jumped in mon oncle Joseph’s car and, with ma tante Rita, they drove to le chalet, she asked I not come home ‘til everything was over, night has arrived dans le Vieux-Montréal, la voix du people, will it shout angry, will it shout happy, will there be night trouble. A wolf with a plastic nose pursues a girl in a red cape, what will it be this year, cop cars on fire or fireworks, blue-and-white silk spilling over balconies or red-and-white silk burning, I bump onto les fêtards, il y a bousculade, the crowd tightens like a fist, where is Pierre tonight, a hand slides along my ass, I spot to which the hand belongs, the eyes pretend they don’t see what the hand is doing, I jab the side of ma valise into the innocent shin attached to the lying eyes attached to the guilty hand, the revellers shift, a line of fiddlers snakes through, people lock arms, spin dance, the sudden smell of pot, I take a puff, pass the joint, someone grabs my shoulder.

Hé! la gitane, veux-tu me lire la bonne aventure? Quand est-ce qu’on se fait libérer?

The shoulder grabber, maintenant, his hand opened, palm up to show me his lines, wears a blue tee-shirt with a large white fleur de lys on his chest, I squint, the tee-shirt is painted directly on his hairless torso. I study the line on his arm where a real short sleeve would end, examine the back, his skin painted below the waistband of his jeans, as if the fake top were tucked in, look at the front again, under the royal blue paint every pore visible, touch la fleur de lys, c’est comme toucher à fleur de peau.

Magnifique, I say.

Le Québécois fleurdelisé flashes a proud smile, I put ma valise down, pretend to read his hand, tell him the lines are blurred, he tells me it must be because he has been drinking all afternoon.

Je suis paqueté, à soir, he says. À soir, c’est un bon soir pour prendre une brosse, à soir.

He brings news, the parade was quiet, but a huge demonstration followed all along Sherbrooke, in the west end devant le Ritz, ils ont décapité le Saint-Jean-Baptiste, bien sûr, not the real curly-haired boy holding a live curly-wool lamb on his lap, like when we were little, non, we demanded a man to represent us, they gave us a statue, I want to know if the head was stolen, après tout, Jean Baptiste always loses his head, le Québécois fleurdelisé laughs and laughs. Were the people fighting in the streets with the police like last year? He says, non, mais des contestataires threw bottles and broke windows.

Ce soir, smelly horses pull des calèches, l’année dernière, horses tumbled into the crowd, much panic, mon oncle Joseph says horses are doomed, they carry the terror of ancient wars, firecrackers make them battle-crazy, ce soir, the horses clip-clop tranquillement on cobblestones, un rien could turn them into killer beasts, we let them pass.

A shadow passes between us, out of the corner of my eye, I see ma valise lift, walk away.

Hé là! le Québécois fleurdelisé yells, as he dashes into the crowd. Lâche sa valise, tabarnac! Stop, voleur!

I run after him, le voleur lets go, worms away, ma valise hits the pavement hard, the clasps spring open, all the photos spill on Jacques-Cartier, everything happens in slow motion, the crowd heaves like the sea, I throw myself over the bundle, many photos scatter, I spread arms and legs, a fallen snow angel pinned down, how to start gathering what is not lost, feet shuffle close to my face, hands pick up stray photos, I get up carefully, people dans un mouvement de solidarité step on the bundle, a clown with purple hair plucks photos out of the grime, le Québécois fleurdelisé shovels handfuls back into ma valise, I close the lid, snap the clasps shut, what a mess, I could scratch that vandal’s eyes out.

Maudit salaud! le Québécois fleurdeli´se shouts, as if le voleur had not made tracks.

Il a filé à l’anglaise, I say, sure we will never find him.

Maudit Anglais! he shouts.

Then he took the French leave, I say, brushing dirt off my skirt, laughing alone at the strangeness of languages.

Le Québécois smells of beer and garlic, I stare at his hard blue nipples, show him my hand with the needle hole piercing my lifetime, our heads touch, I tap the needle mark in the middle of my palm.

C’est petit, he says.

But runs deep, I don’t say that. I tell him, a couple of weeks ago a friend of mine was struck by a Chrysler on rue Sherbrooke right in front of my eyes, he whispers sympathy, Elizabeth Gold, peut-être, he heard about her, une artiste anglophone, peut-être, he read about the accident, he shrugs.

Ce n’est pas important, I say.

He wants to know how the hole appeared, peut-être, he thinks I am having une extase religieuse, I tell him I stabbed myself with a sewing needle, but that is not the point, the point is, with Elizabeth I could speak, meme si c’était en anglais, all of us, Québécois, we never learned to speak, we don’t know the names of things, ever since we were little it was forbidden to think, in school questions were not allowed, he nods, I tell him, notre devise is not Je me souviens, non, notre devise is Motus et bouche cousue, I put my finger across my lips, he nods and nods, I tell him it does not matter how we learn to speak, as long as we speak.

En anglais ou en mandarin, I say, les mots sont les mots. Tu comprends? Peux-tu comprendre ça, toi?

Oui, je comprends, he says. Il faut que ça change. On doit parler à tout prix.

He gets speak-excited, tells me I can talk all I want now, dans ma langue, le Québec aux Québécois, he shouts, people who cannot hear our conversation shout back the slogan, I tell him, parler is good, parler pour parler is dangerous, how so, he wants to know, I tell him, learning to speak is not enough, parfois, we must choose our silences, not imposed silence like when we were little, non, we must learn about silence the same as we must learn to speak, but I don’t think he understands, he goes on speaking abstract words comme la solidarité, la revendication, I watch him, he stops, word-exhausted.

C’est ça, demain, tout le monde va se découdre la bouche, I say, pretending to unzip lips, imitating huge cacophony, the misunderstanding coming out of newly open mouths.

Visiting Elizabeth, p. 32 - 36.

 

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