Westmount

Enclavée dans la ville de Montréal, Westmount est une ville d’une superficie de 4,02 km2, appartenant à l'agglomération de Montréal, située sur le flanc sud-ouest du mont Royal. En 2009, elle comptait 20 487 habitants, dont la majorité des anglophones. Autrefois, la population de Westmount était composée à 80 % de l’élite anglophone de Montréal.

 

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(c) Markus Dabernig  

 

À partir du moment où les premiers colons se sont installés sur l’île de Montréal au milieu du XVIIe siècle, l’emplacement de la ville actuelle est connu sous plusieurs noms, notamment « La Pierre Montagne », « Notre-Dame-de-Grâce » ainsi que « Côte-Saint-Antoine ». Le toponyme actuel, « Westmount », qui s'est imposé vers 1895, montre très bien d’une part la situation géographique de cette ville, qui se trouve au sud-ouest du mont Royal, d’autre part la présence d'une importante population anglophone.

Au cours du XXe siècle, Westmount devient une banlieue cossue de Montréal, une ville de petite dimension qui possède une réputation enviable pour ses espaces verts et sa qualité de vie. On peut observer de cette époque les réalisations de l'architecte Robert Findlay, un ancien résident de Westmount. Parmi ses réalisations, on compte la bibliothèque, l'hôtel de ville et plusieurs autres bâtiments publics.

Les principales artères commerciales de Westmount sont l'avenue Greene, l'avenue Victoria, la rue Sherbrooke et la rue Sainte-Catherine. La rue Atwater est une autre artère importante. Encore aujourd'hui, Westmount est la banlieue canadienne où les habitants sont les plus fortunés.

Westmount abrite une forêt urbaine, de nombreux parcs et terrains de jeux ainsi que des établissements culturels, religieux et scolaires. Sa verdure dépasse largement les limites des espaces verts publics : avec ses 11 000 arbres et ses innombrables pelouses et jardins soignés, Westmount est un véritable bijou serti au cœur du territoire métropolitain.

sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Westmount (consulté le 15 octobre 2009).
http://www.westmount.org/ (consulté le 17 octobre 2009).
http://thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0010780 (consulté le 15 octobre 2009).

Texte d'introduction: Jasmin Mohr

 


 

Roy, Gabrielle - Bonheur d'occasion - Saint-Henri versus Westmount

 


 

Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion.

Montréal, Stanké, 1977.

 

Saint-Henri versus Westmount

 

Bonheur d’occasion est un roman de Gabrielle Roy, une écrivaine canadienne née en 1909 à Saint-Boniface. Publié en 1945, le roman a connu un succès énorme dès son apparition: en mai de l’année même, cette œuvre est choisie comme livre du mois par le Literary Guild of America, deux années plus tard, Bonheur d’occasion reçoit le prestigieux prix Femina. En intégrant la ville, la publication de Bonheur d’occasion modifie le système littéraire. C'est le premier exemple de réalisme urbain dans la littérature canadienne-française.

Le livre Bonheur d’occasion raconte l’histoire de la famille Lacasse, pauvre et nombreuse, qui demeure dans le quartier Saint-Henri de février à mai 1940. Le père est un rêveur qui ne garde jamais un poste de travail. La mère, Rose-Anna, un des personnages principaux, fait tout ce qu’elle peut pour améliorer le sort de sa famille. Malgré tous ses efforts, elle essuie quelques échecs cuisants : l’aîné s’enrôle dans l’armée, le cadet meurt de leucémie et finalement son époux meurt à la guerre. Grâce au solde, la famille est en mesure de mener une meilleure vie, mais le prix à payer est élevé car, peu à peu, la famille Lacasse se décompose.

L’autre protagoniste est Florentine, la fille aînée de la famille. C’est une jeune femme de dix-neuf ans, fragile, superficielle, passionnée et décidée. Elle travaille comme serveuse afin de soutenir sa famille financièrement. La protagoniste rêve de quitter la pauvreté de son quartier et d’habiter dans le quartier aisé de Westmount. Un jour, elle rencontre Jean Lévesque, un garçon très ambitieux qui ne pense qu’à sa réussite et qui n’a pas l’intention de s’embarrasser d’une petite serveuse rêvant d’améliorer son statut social. Florentine, par contre, est convaincue qu’il lui permettra de forger un meilleur avenir et tombe amoureuse du jeune homme. Après une brève aventure amoureuse, il la quitte et Florentine se retrouve enceinte. C’est ainsi qu’elle décide d’épouser Emmanuel Létourneau, un jeune soldat et ami de Jean, qui est très amoureux d’elle. Avec Emmanuel, il est enfin possible pour Florentine de mener la belle vie dont elle a toujours rêvée, mais elle n’aime pas vraiment son mari et ce sera toujours un bonheur emprunté, un bonheur d’occasion.

Dans le paragraphe suivant, la pauvreté et la richesse sont mis en opposition. Saint-Henri était l‘un des quartiers les plus défavorisés de l’époque tandis qu’à Westmount se trouvaient les résidences les plus cossues de Montréal. En se promenant dans la rue Notre-Dame, Jean se rend compte de l’injustice sociale qui règne dans la métropole. Ses réflexions sur son avenir le mènent finalement à voir la guerre comme sa chance personnelle pour s’élever dans l’échelle sociale.

 

Texte d'introduction et choix de l'extrait: Iris Wertel

 

Extrait de texte

 

Le train passa. Une acre odeur de charbon emplit la rue. Un tourbillon de suie oscilla entre le ciel et le faîte des maisons. La suie commençant à descendre, le clocher Saint-Henri se dessina d'abord, sans base, comme une flèche fantôme dans les nuages. L'horloge apparut; son cadran illuminé fit une trouée dans les traînées de vapeur; puis, peu à peu, l'église entière se dégagea, haute architecture de style jésuite. Au centre du parterre, un Sacré-Cœur, les bras ouverts, recevait les dernières parcelles de charbon. La paroisse surgissait. Elle se recomposait dans sa tranquillité et sa puissance de durée. Ecole, église, couvent: bloc séculaire fortement noué au cœur de la jungle citadine comme au creux des vallons laurentiens. Au-delà s'ouvraient des rues à maisons basses, s'enfonçant de chaque côté vers les quartiers de grande misère, en haut vers la rue Workman et la rue Saint-Antoine, et, en bas, contre le canal de Lachine où Saint-Henri tape les matelas, tisse le fil, la soie, le coton, pousse le métier, dévide les bobines, cependant que la terre tremble, que les trains dévalent, que la sirène éclate, que les bateaux, hélices, rails et sifflets épellent autour de lui l'aventure.
Jean songea non sans joie qu'il était lui-même comme le bateau, comme le train, comme tout ce qui ramasse de la vitesse en traversant le faubourg et va plus loin prendre son plein essor. Pour lui, un séjour à Saint-Henri ne le faisait pas trop souffrir; ce n'était qu'une période de préparation, d'attente.
Il arriva au viaduc de la rue Notre-Dame, presque immédiatement au-dessus de la petite gare de brique rouge. Avec sa tourelle et ses quais de bois pris étroitement entre les fonds de cour, elle évoquerait les voyages tranquilles de bourgeois retirés ou plus encore de campagnards endimanchés, si l'œil s'arrêtait à son aspect rustique. Mais au-delà, dans une large échancrure du faubourg, apparaît la ville de Westmount échelonnée jusqu'au faîte de la montagne dans son rigide confort anglais. Il se trouve ainsi que c'est aux voyages infinis de l'âme qu'elle invite. Ici, le luxe et la pauvreté se regardent inlassablement, depuis qu'il y a Westmount, depuis qu'en bas, à ses pieds, il y a Saint-Henri. Entre eux s'élèvent des clochers.
Le regard du jeune homme effleura le campanile de Saint-Thomas-d'Aquin, la tourelle à colonnade du couvent la flèche de Saint-Henri, et monta directement aux flancs de la montagne. Il aimait à s'arrêter sur cette voie et à regarder, le jour, les grands portails froids, les belles demeures de pierre grise et rosé qui se dégageaient nettement là-haut, et, la nuit, leurs feux qui brillaient lointains, comme des signaux sur sa route. Ses ambitions, ses griefs se levaient et l'enserraient alors de leur réseau familier d'angoisse. Il était à la fois haineux et puissant devant cette montagne qui le dominait.
De la rue Saint-Antoine monta de nouveau cet écho de pas scandés qui devenait comme la trame secrète de l'existence dans le faubourg. La guerre! Jean y avait déjà songé avec une furtive et impénétrable sensation de joie. Est ce que ce n'était pas là l'événement ou toutes ses forces en disponibilité trouveraient leur emploie?
Combien de talents qui n'avaient pas été utilises seraient, en effet maintenant requis? Soudain il entrevit la guerre comme une chance vraiment personnelle, sa chance à lui d'une ascension rapide. Il se voyait lâché dans une vie qui changeait ses valeurs, elle-même changeante de jour en jour et qui, dans cette mer démontée des hommes, le porterait sur une vague haute. Il abattit ses fortes mains brunes sur le parapet de pierre. Que faisait-il ici? Que pouvait-il y avoir de commun entre lui et une jeune fille qui se nommait Florentine Laçasse?

Bonheur d'occasion, p. 37 - 39.

 

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