Les maisons d'édition

Montréal est non seulement la ville des écrivains, mais aussi celle des éditeurs. On y trouve un grand nombre de maisons d’édition qui se sont installées dans la métropole québécoise, ce qui est une conséquence du nouveau dynamisme culturel de la première moitié du XXe siècle, également responsable de l'ouverture du musée des Beaux-arts et de la fondation du journal Le Devoir.

 

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(c) Markus Dabernig

 

À la fin des années 1950 et au début des années 1960, le Conseil des arts du Canada et le Ministère des affaires culturelles du Québec ont contribué sensiblement à la consolidation de la culture en établissant, entre autres, des programmes d’aide destinés aux éditeurs. Même aujourd’hui, le Conseil des arts du Canada subventionne la publication et la traduction d'ouvrages pris en charge par des éditeurs québécois. En plus de soutenir financièrement les activités de création, de traduction, de publication et de promotion de la littérature québécoise et canadienne, le service de l'édition sponsorise les résidences d'écrivains, les rencontres avec le public et les festivals littéraires. En 2008, il a subventionné les éditeurs montréalais suivants : Bayard Canada Livres Inc., Conundrum Press, Éditions Adage Inc., Éditions de la Courte Échelle Inc., Éditions du Boréal, Éditions Fides, Éditions Québec Amérique Inc. et XYZ Éditeur. Ceci dit, il se propose aussi, comme objectif, de subventionner des jeunes maisons d’éditions comme les éditions Sémaphore, Sisyphe ou Poètes de brousse.

Rappelons qu’avant la Révolution tranquille, les rares maisons d'édition qui existaient au Québec étaient très liées à la politique, la religion et l’économie. Avec le vaste mouvement de libéralisation que constitue la Révolution tranquille, l'édition s'ouvre à des influences à la fois européennes (France) et nord-américaines (Etats-Unis). Les artistes eux-mêmes sont d'ailleurs en grande partie responsables de cet énorme changement qui touche le Québec au début des années 1960. Les poètes de l'Hexagone – Gaston Miron, Jean-Guy Pilon, Fernand Ouellette et beaucoup d'autres – se sont engagés non seulement sur le plan littéraire mais aussi sur le plan social et politique. Mais la Révolution tranquille a également joué un rôle crucial dans le domaine de l'édition à proprement parler, car elle a encouragé et promu l'émergence, d'une part, d’une élite culturelle, et, d’autre part, d'un public qui se passionne pour la littérature.

En peu d’années, Montréal est donc devenue une ville d’éditeurs. On pourrait classifier les maisons d’édition selon les segments du marché et leur cible. D’un côté, on trouve des éditeurs universitaires qui ciblent les étudiants et les scientifiques comme par exemple les Presses de l’Université Laval, les Presses de l’Université de Montréal, les Presse de l’Université d’Ottawa etc. De l’autre côté, il y a des maisons d’édition commerciales visant une orientation culturelle (l’Hexagone, VLB, Le Noroît), culturelle-économique (Aurore, Leméac, HMH, Naaman, Quinze) ou bien purement économique (Éditions de l’Homme, Stanké, La Presse, Héritage, Québec/Amérique, Beauchemin). – der En ce qui concerne l'histoire de l'édition, la première maison d’édition, Fides, fondée en 1937 par le père Paul-Aimé Martin, devient très vite l’une des principales maisons d’édition francophones au Canada, avec son propre système de diffusion et un réseau de librairies. Au cours des années, Fides conclut des accords de partenariat, en plusieurs étapes : fondation des Éditions d'enseignement religieux F.P.R. et BQ, acquisition de la maison Bellarmin, gestion des Presses de l'Université de Montréal (PUM), etc. Suivent ensuite les grandes maisons d’édition connues aujourd'hui : l’Hexagone (1953), Leméac (1958), Édition de l’Homme (1958), Hurtubise HMH (1960), Édition du four (1961), Boréal Express (1963; 1987 changement de nom en Boréal), Stanké (1975), VLB éditeur (1976) et La Courte Échelle (1978, domaine de jeunesse).

L’importance de l’Hexagone provient du fait que la maison détient une place de pionnier dans le paysage éditorial du Québec, et, grâce à l’influence incontournable de Gaston Miron, l’un de ses fondateurs, surtout dans le domaine de l'édition de poésie. Selon Gérard Godin (émission du 28 février 1979), l’Hexagone « a joué un rôle fondamental dans la pyramide éditoriale du Québec » et « a été, pour la première fois, une acceptation de la création littéraire québécoise dans tout son ampleur ».1 L’Hexagone dispose à l’heure actuelle de plus de 900 titres dans le domaine de la poésie (en plus de l'édition de romans et d'essais). – Les Éditions de l'Homme, fondées en 1958, publient des livres pratiques sur les sciences humaines, la nature, les sports, les loisirs, l'alimentation et la mode, et proposent au public des œuvres de vulgarisation sur les tendances sociales, l'éducation, etc. – Une autre maison d’édition, Boréal, publie surtout les grands auteurs, tels qu’Anne Hébert, Marie-Claire Blais, Suzanne Jacob, Robert Lalonde, Marie Laberge, Monique Proulx, Hélène Monette, Louis Hamelin, Gaétan Soucy, Ying Chen et beaucoup d'autres.

Dans la plupart des cas, les éditeurs se concentrent sur le marché québécois. Néanmoins, il y a aussi des petites maisons d’édition qui sont soit régionales, soit idéologiques et militantes. Les écrivains franco-canadiens hors du Québec, enfin, trouvent des maisons d’édition dans toutes les provinces canadiennes. Le Regroupement des éditeurs canadiens-français (RECF), créé en 1989, élabore des stratégies, fait de la publicité et tâche de promouvoir ainsi la commercialisation du livre français partout au Canada. Son objectif est de permettre aux éditeurs francophones actifs à l’extérieur du Québec d’organiser des initiatives concertées dans le domaine de la distribution, de la promotion et de la vente.

À Montréal, au Québec et dans les régions franco-canadiennes du Canada, l’édition et la culture du livre sont donc bien ancrées dans la vie quotidienne, ayant rattrapé depuis longtemps le retard de leurs débuts.2

sources:
1 http://arichives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/clips/6803/ (consulté le 21 mars 2010).
2 Oberhuber, Andrea : « Zur Institutionalisierung der Literatur in Québec ». Dans : Groß, Konrad /Klooß, Wolfgang /Nischik, Reingard M. (éds.) : Kanadische Literaturgeschichte. Stuttgart, Metzler, 2005, 402 - 410.

Texte: Julia Osl

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